Paratexte

Le paratexte, notion de la théorie littéraire, est composé d'un « ensemble hétéroclite de pratiques et de discours »[1] virtuellement illimité, synchroniquement et diachroniquement variable, englobant titres, sous-titres, noms d'auteur, indications génériques, illustrations, quatrièmes de couverture, dédicaces, notes de bas de page et correspondances d'écrivains. La fonction principale est d'entourer le texte, de l'annoncer, de le mettre en valeur (ou carrément de le vendre), de « rendre présent [le texte], pour assurer sa présence au monde, sa « réception » et sa consommation, sous la forme, aujourd’hui du moins, d’un livre »[2].

Son origine est principalement de la définition professée par Gérard Genette dans Palimpsestes. La littérature au second degré en 1982 comme étant un des cinq types de transtextualité, puis théorisée plus largement en 1987 dans Seuils. Genette définit le paratexte comme un seuil entre le texte et le hors-texte, « “zone indécise” entre le dedans et le dehors, elle-même sans limite rigoureuse, ni vers l'intérieur (le texte), ni vers l’extérieur (le discours du monde sur le texte) »[1].

Conséquemment, la théorie paratextuelle entretient un lien étroit avec les théories de la réception et de la lecture, en ce sens que le paratexte participe en premier plan à la constitution d’un horizon d’attente sur lequel se fondera ultérieurement l’interprétation du texte. Elle s’apparente également à la sociologie de la littérature, notamment en regard du concept d’habitus tel que défini par Pierre Bourdieu, dans la mesure où le paratexte serait, selon Genette, une zone de transaction dans laquelle les préoccupations commerciales occuperaient une place prépondérante, « lieu privilégié d’une pragmatique et d’une stratégie, d’une action sur le public »[1]. C’est ainsi que Seuils contribue à la réintroduction dans le champ des études littéraires, après une décennie de structuralisme français, l’intérêt du rapport entre le texte et son contexte. Genette participe ainsi, comme le souligne John Pier, à la remise en question de la convention structuraliste de « [l]'immanence textuelle et [de] la clôture du texte »[3].

  1. a b et c Genette 1987, p. 8
  2. Genette 1987, p. 7
  3. John Pier, « Pragmatique du paratexte et signification », Études littéraires, vol. 21, no 3,‎ , p. 109-118 (ISSN 1708-9069, lire en ligne)

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